Chanté par le groupe Tradart en 1982. Musique collectée dans le Perche, issue d’un répertoire de musiques à danser largement répandu dans les campagnes au début du siècle dernier.
J’étais un pays humble et beau, j’étais une terre nourricière
J’étais un pays humble et beau, des Perch’rons j’étais le berceau
J’n’étais pas un pays facile, il fallait vouloir travailler
Mais on était récompensé, et comme le cidre désaltérait !
C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent
En été dans les chemins creux, s’enlaçaient les amoureux
Les rossignols des alentours, leur sifflaient des chansons d’amour
Avec les branches de sureau, les enfants faisaient des flûtiaux
Existe-t-il un seul ruisseau, qui-n’ait-pas-fait-tourner d’moulin à eau
C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent
Les techniciens sont arrivés, les techniciens ont ordonné
Aux paysans manipulés, toutes les haies ont arrachées
Tout’s les collines ils ont rognées, toutes les mares ils ont bouchées
Les vert’s prairies ils ont drainées, l’Europe vert’ m’a torturé
C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent
La terre d’ici c’est ma peau, les haies la tenaient fermement
Elle s’envol’ra avec le vent, elle se dissipera dans l’eau
Et quand l’herb’ aura disparu, de quoi vivront les troupeaux ?
Craies et roches apparaîtront, comme des os qu’on met à nu
C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent
Les braves gens que j’ai nourris, sous la contrainte m’ont trahi
Aujourd’hui ils me mortifient, à caus’ de l’Europ’ du profit
Mais un jour les fleurs repouss’ront, toutes les haies ils replant’ront
Et les pommiers refleuriront, ça s’appell’ra l’pays perch’ron
C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent
Mais gare à vous, gens de Paris, car toute gloire est éphémère
Et le pouvoir ne dure guère, les gens d’ici l’ont bien compris
Et alors à l’abri du vent, le Perch’, les Percherons en liesse
Connaîtront l’éternell’ jeunesse, et vivront mille et mille printemps
C’est la faute au GOUVERNEMENT si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au GOUVERNEMENT si plus rien n’arrête le vent