Paroles et musique : Francis Lemarque (1952). Francis Lemarque (1917-2002) est issu d’une famille juive qui a immigré à Paris pour fuir les pogroms d’Europe de l’Est. En 1940 il choisit de quitter Paris pour s’installer en zone libre, puis suite à la déportation de sa mère qui meurt à Auschwitz, il décide de s’engager dans un réseau de résistants. Quand il écrit cette chanson, en 1952, c’est donc avec un passé complexe articulé autour de la guerre, de faits d’armes et d’engagements. En parolier, poète et intellectuel, il choisit avec soin ses mots pour dire ce qu’il a sur le cœur et ce qu’il pense des nouvelles guerres de colonies (c’est l’époque de la guerre d’Indochine), son texte traduit le ton désabusé de la libre pensée populaire de l’époque : une guerre inutile et perdue d’avance. Les paroles sont jugées défaitistes et anti-militaristes, et la chanson est censurée en 1953. Partageant un certain nombre d’idées et de valeurs depuis plusieurs années, c’est tout naturellement qu’Yves Montand reprendra la chanson « Quand un soldat » pour soutenir son parolier et son ami.
Fleur au fusil, tambour battant, il va
Il a vingt ans, un cœur d’amant qui bat
Un adjudant pour surveiller ses pas
Et son barda contre son flanc qui bat.
Quand un soldat s’en va-t-en guerre, il a
Dans sa musette un bâton d’ maréchal
Quand un soldat revient de guerre, il a
Dans sa musette un peu de linge sale.
Partir pour mourir un peu,
A la guerre, à la guerre
C’est un drôl’ de petit jeu
Qui n’ va guère aux amoureux.
Pourtant c’est presque toujours
Quand revient l’été qu’il faut s’en aller
Le ciel regarde partir
Ceux qui vont mourir, au pas cadencé.
Des hommes il en faut toujours,
Car la guerre, car la guerre
Se fout des serments d’amour,
Elle n’aime que l’ son du tambour.
Quand un soldat s’en va-t-en guerre, il a
Des tas d’ chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre, il a
Simplement eu d’ la veine et puis voilà
Simplement eu d’ la veine et puis voilà
Simplement eu d’ la veine et puis voilà.